Kami des onsens,
Japon ressourcé et calme
Le temps coule zen

Fuyant la frénésie urbaine de Tokyo pour se ressourcer dans la campagne japonaise, nous nous retrouvons à Shuzenji Onsen, petite ville thermale perdue à 2 heures de train de la capitale.

C’est une plongée dans le Japon traditionnel. Shuzenji, son temple bouddhiste fondé par le moine zen Kobo Daichi, sa source thermale créée par Kobo Daichi, sa (petite) rue commerçante où Koba Daichi allait peut-être faire ses courses (qui sait ?). Et au milieu coule une rivière. Pfuuu c’est calme. Très. Rien à faire ici, à part se tremper les fesses dans l’eau chaude, bouffer kaïseki et profiter de la nature. Ça tombe bien, on est là pour ça.

Notre auberge est dans le pur style traditionnel japonais avec ses chambres couvertes de tatamis et ses bains thermaux. Etant plus aguéris que lors de notre dernier séjour au Japon, nous n’avons pas commis d’impair avec la valse des chaussures et des chaussons. Rappelez-vous : en entrant dans l’auberge, on troque ses chaussures pour des chaussons. On pose les chaussons à l’entrée de la chambre pour marcher pieds nus sur les tatamis. On remet des chaussons (d’autres) pour aller dans la logia qui permet d’accéder aux toilettes où l’on penètre avec encore d’autres chaussons dédiés exclusivement aux chiottes. Nous avons fait un zéro faute. Même si, dans le secret de notre chambre, une fois que nos hôtes japonais avaient le dos tourné, nous avons peut-être oublié une ou deux fois les chaussons pour la logia ou ceux des toilettes. Chuuut !

Dans ce Japon rural où presque personne ne parle anglais, on perd vite nos repères et on est facilement à côté de la plaque. Dans le bus, nous mettons nos pièces dans le monnayeur au lieu du trou pour payer. Résultat : une tonne de petites pièces qui dégringolent comme un jackpot à Las Vegas, et un petit moment de flottement. A l’entrée d’un musée, on se retrouve avec deux petites calligraphies… à la place des billets d’entrée que nous convoitions.

Les traditions du Japon sont pleines de paradoxes pour nos yeux occidentaux. A l’auberge par exemple, on se lave et on se baigne dans les bains communs, à poil avec les autres pensionnaires. Par contre, on dîne seul chacun dans sa salle à manger, séparés les uns des autres. Comme si le repas était plus intime que la toilette.

Il faut dire que le dîner est un spectacle. La cuisine kaïseki de notre auberge est particulièrement réputée, à juste titre. Je vous laisse aprécier sur les photos la beauté de l’agencement. Côté goût, bon… ben… on va dire que tout n’est pas adapté à notre palais. Mais ce qui ne déclenche pas un réflexe vomitif est vraiment très bon…

Le soir, suivant les conseils prodigués par une serveuse, via le truchement approximatif mais salvateur de Google traduction, nous sommes allés voir des lucioles. Le long d’un petit chemin qui borde le torrent, on aperçoit les lucioles qui s’illuminent dans le noir.  Tout le Japon est résumé là : une odeur de sous-bois, un bruit d’eau qui coule, un arrière-goût d’igname dans la bouche et un spectacle éphémère et scintillant. Les lucioles saluent l’esprit des kamis de la forêt bercés par la douce mélodie prodiguée par une joueuse de harpe japonaise en kimono. Mais les lucioles japonaises doivent savoir que leur public vient des quatre coins du monde, car c’est “El Condor Pasa” qu’un flutiste nippon (mal) inspiré par les kamis du commerce se met à massacrer à la flûte.

PS :
Poursuivant notre série “Les enseignes japonaises en français”, je ne résiste pas  à la tentation de partager avec vous nos dernières trouvailles.
Le Figaro semble avoir trouvé une solution au financement de la presse française en vendant sa marque. Ici, “Le Figaro” (logo strictement identique au journal) est une marque de vêtements.
Les villes françaises inspirent également beaucoup les créateurs de mode. On a croisé des boutiques “Makelet & Lyon” et “Strasburgo”. Mais est-ce pour ne pas payer de droits qu’ils ont écorché les noms ? A moins que, pour être inspirés, ils n’aient eu recours à des “Muse de Deuxième Classe”, une marque incongrue que l’on retrouve entre Vuitton et Hermès sur Omotesando (les Champs-Elysées japonais). Mais la palme du nom ridicule revient à la marque de vêtements de luxe “Supure”, une plaie ouverte dans le bon goût.



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Nos photos

[Photos] Dîner kaïseki (cuisine tradi)