« Deauville, si près de Paris, si loin de la mer » disait Tristan Bernard.
Effectivement, en deux heures, on file de Saint-Lazare à la gare de Deauville. Mais du quai de la SNCF à la mer, il y a encore du chemin. Il faut descendre la grande avenue, passer entre Hermès et Vuitton, contourner l’hôtel Normandy de Lucien Barrière, éviter les tables de jeu du casino (également propriété de Lulu Barrière), se faufiler entre les tennis et le club de poney, pour arriver enfin aux célèbres cabines et aux non-moins célèbres planches qui longent la plage. Là, le périple n’est pas fini, il faut encore passer le bar de la plage (toujours à Lulu), les parasols et traverser une immense étendue de sable avant d’arriver à la mer.
On n’a pas eu le courage d’aller jusqu’à la mer, on s’est arrêté chez Lucien, au bar de la plage !
19 degrés, c’est bon pour un Spritz, pas pour une baignade.
Dimanche, on est retourné chez Lulu, mais cette fois on a plongé dans la Haute. Nicolas a enfilé une chemise et posé un petit pu-pull sur ses épau-paules. On a garé la Ford Fiesta louée chez Ada entre une Porsche Cayenne et une Ferrari et on a réservé le Brunch de l’hôtel Normandy.
Pour mieux rentabiliser les 80 euros de brunch (et oui), on a rien mangé le matin. Du coup, on s’est gavé de langoustines, de saumon fumé, de foie gras et de coquillettes… à la truffe. Nicolas m’a empêché de justesse de nous préparer des tartines du foie gras pour le train. Il paraît que ça fait plouc.
Mais outre le décor meringué et le buffet bluffant, l’intérêt de la visite réside dans l’observation de la faune locale. On a fait nos Pinçon Charlot du café du commerce en observant les riches dans leur habitat. Le couple derrière nous s’est fait servir du champagne mais n’y a pas touché ; la touriste japonaise (coréenne ?) se repoudrait régulièrement avec une boîte à maquillage ostensiblement Chanel ; tandis que notre voisine au physique fellinien et au maquillage Ripolin s’extasiait sur l’incroyable mayonnaise dont elle tartinait abondamment ses langoustines.
Un guide touristique de 1868 disait à propos de Deauville : « Beaucoup de sable et beaucoup de poudre aux yeux. » Quelques siècles plus tard, c’est toujours vrai !