Dias 4 & 5 – Ouro Preto

En avant vers l’aventure ! C’est avec l’esprit des pionniers de la ruée vers l’or que nous prenons la route des Mines Générales (Minas Gerais), la région des mines d’or et de pierres précieuses qui ont fait la fortune du Brésil (enfin, plutôt du Portugal) au XVIIIème siècle. Comme les valeureux Bandileros d’antant, nous bravons tous les dangers : la nuit, les chauffeurs de bus qui conduisent comme des fous, la climatisation du bus (une plaie pire que la grippe espagnole), pour arriver congelés au petit matin à Ouro Preto.

Premier contact avec Ouro Preto, la descente à toute berzingue dans les ruelles de la ville à bord d’un taxi brinquebalant. Il faut savoir qu’Ouro Preto est une ville de montagne, ici tout est en pente. Il n’y a pas une rue, ni une place qui soit plate. Ça monte et ça descend tout le temps, avec des pentes très raides. Et à bord du taxi ça descend franchement, ambiance grand huit.

Ouro Preto, littéralement l’Or Noir, n’est pas une ville de pétrole mais le cœur de la région des mines d’or. L’or y était extrait sous la forme d’un minerai noir. D’où le nom. Vu le nombre d’esclaves africains importés pour faire le sale boulot dans les mines, c’est aussi un peu l’or des noirs…

Aujourd’hui, il n’y a plus d’or noir mais il reste des églises. Plein ! Autant qu’un Franciscain pourrait en bénir. Evidemment, les décors sont un peu dorés, l’époque était au Baroque et en plus, ici, il suffisait de se baisser pour ramasser de l’or (enfin, il suffisait que les esclaves se baissent…). Du coup, ca clinque !

La ville est très belle, on monte, on descend, on se muscle les mollets, on admire la vue et on visite… des églises. Et autant de sacristies, cryptes et autres musées ecclésiastiques. On est devenu incollable sur les oratoires portables du XVIIIème siècle !

A l’intérieur des églises, entre deux dorures, on trouve de belles peintures et de superbes sculptures des artistes du pays. On note quelques particularités locales, comme celle de mettre des perruques aux statues. Selon la perruque, cela donne des Christs Beatles, hippies ou carrément dragqueens. Troublant ! Tout aussi troublant, les sculpteurs qui font des animaux qu’ils n’ont de toute évidence jamais vus : un serpent avec des dents, un lion qui semble être le résultat du croisement improbable d’un loup et d’une brebis, des dauphins qui ressemblent à des anguilles et, plus troubant encore, la colombe de l’Esprit Saint qui ressemble à s’y méprendre à une poule ! Doit-on en conclure que, dans cette région minière, le Saint Esprit pond des œufs d’or ? Ou est-ce juste une expression du style rococotte ?

Dia 6 – Mariana

Comme si nous n’avions pas eu notre dose d’églises à Ouro Preto, nous prenons un train-train pour tou-tous, direction Mariana. Autre ville coloniale avec ses jolies ruelles pavées, ses maisons colorées et… ses dizaines d’églises aux horaires d’ouverture aléatoires.

A l’entrée d’une de ces églises, nous croisons un gardien qui arbore malicieusement un maillot de l’équipe de foot d’Allemagne. Un maillot démodé auquel il manque la 4ème étoile décrochée à Rio. Ce qui nous permet de constater que l’Allemagne dépasse désormais l’ordre des Carmélites (3 étoiles au blason) mais reste loin derrière les Franciscains et leurs 11 étoiles (plus 5 stigmates) ! Une analyse footballistico-religieuse sans doute approximative.

Un peu plus tard, c’est l’ascension d’une tour de clocher par un escalier en bois grinçant très peu rassurant qui nous invite à évoquer les paroles de Jean Paul II : “N’ayez pas peur ! Entrez dans l’escalier !” Jean Paul avait raison : l’escalier ne s’est pas effondré et la vue est superbe.

Le train du retour offrant le spectacle grandiose des montagnes est propice à la méditation (et à l’écriture de ce blog) en cette journée fortement spirituelle. Gageons qu’elle se terminera, comme les journées précédentes, avec quelques spiritueux.