Siège du dernier sultan à avoir régné sur Al-Andalous, la ville de Grenade a été conçue pour être imprenable : côtes escarpées, remparts inexpugnables, portes fortifiées… sans oublier la défense ultime : les sens-interdits. Entrer dans la ville de Grenade reste, aujourd’hui encore, un vrai parcours du combattant. Un réseau de sens interdits machiavéliquement disposés renvoie systématiquement les véhicules à 4 roues dans les faubourgs de la ville. Impossible d’approcher la citadelle – et notre appartement qui se trouve à son pied. De guerre lasse, nous avons fini par abandonner notre voiture dans un parking et nous faire conduire par un taxi. On comprend mieux pourquoi il aura fallu attendre 1492 pour que les rois catholiques espagnols réussissent à faire tomber cette place forte maure. L’histoire ne précise pas si Isabelle et Ferdinand ont fini la Reconquista en taxi, mais c’est probable.
C’est aussi en taxi que toute notre troupe (Nicolas, Julien, Alban, Olivier et 2 béquilles) a pris d’assaut la citadelle de l’Alhambra. Il parait que les petites ruelles piétonnes qui y montent sont pittoresques à souhait, mais ma maitrise des béquilles n’offre pour l’instant qu’une autonomie d’une cinquantaine de mètres (avec escale sur des bancs).
La visite en béquilles s’annonçant difficile, nous avons emprunté un fauteuil roulant mis à disposition gratuitement. Et c’est sur 4 roulettes que nous sommes partis découvrir les palais et les jardins légués par les souverains Nasrides.
Le sultan ne se refusait rien. Stuc, peintures, bassins, fleurs… rien n’était trop beau. Et tout a été magnifiquement conservé. Tout au plus pourrait-on regretter que malgré cette débauche de moyens exceptionnels, les architectes musulmans du XIIème siècle aient omis de respecter les normes handicapés. A moins qu’il s’agisse, là aussi, d’une mesure de protection contre l’invasion des touristes à roulettes ?