Quid bouffamus ? Qu’est qu’on bouffe ? En latin (de cuisine).

Une question intemporelle que le touriste comme le citoyen romain se pose plusieurs fois par jour.
Dans la baie de Naples au XXème siècle, le choix est assez varié dans les restaurants pour touristes : pizza, pasta, pasta, pizza et parfois escalope de veau, avec pasta et petite pizza à l’apéro. Mais quid du 1er siècle ? Y avait-il autant de variété ?

Inutile de sauter dans la Doloreane du Doc pour remonter dans le temps, il suffit de prendre le train ‘circumvesuviana’ depuis Sorrente ou Naples et de descendre à Herculanum ou Pompéi. On ne présente plus ces deux villes figées en 79 par une malencontreuse coulée de lave de ce cher Vésuve. En moins de 30 minutes, nous voilà à la grande époque de l’empire romain, tels des Indiana Jones modernes (avec un audioguide à la place du fouet), partis à la découverte des modes de vie à la romaine.

La première chose que l’on peut espérer, c’est qu’au premier siècle, ils avaient autre chose à se mettre sous la dent que le pathétique et unique fast food proposé aux touristes de Pompéi, tenu par la vénérable maison Autogrill renommée pour la qualité autoroutière de ses sandwichs.

En déambulant dans les rues incroyablement bien conservées, on découvre qu’il y avait aussi des fast foods à l’époque ! On trouve des thermopoliums à tous les coins de rues, sortes d’échoppes ouvertes sur la rue qui servaient de la nourriture chaude à emporter ou à manger sur place. 89 thermopoliums à Pompéi pour 25 000 habitants, McDomus aurait fait fortune ici !

On trouve également un marché à la viande et au poisson. Et plusieurs boulangeries avec des moulins pour fabriquer la farine et des fours pour cuire le pain. On découvre aussi qu’à l’époque on appréciait autant la bonne chère que les plaisirs de la chair. Pompéi compte une bonne vingtaine de lieux spécialisés dont un lunapar avec une dizaine de chambres décorées d’images sans équivoque où le dieu Priape tient une bonne place… (On apprend au passage que lupanar, c’est pas de l’argot, c’est du latin !)

Si le midi, on mangeait sur le pouce, le soir c’était une autre histoire. Dans les grandes domus patriciennes (comprendre : les baraques des riches), passé l’atrium et le tablinum où l’on recevait les visiteurs – et où on leur en mettait plein la vue – on entrait dans la partie privée organisée autour d’un petit jardin. C’est là que se trouvait le triclinium (la salle à manger) élégamment décoré, où l’on venait se coucher à table. Allongé sur une banquette, on dégustait avec les mains les mets délicats préparés en cuisine par les nombreux serviteurs. Le tout copieusement arrosé de vin, à en juger par le grand nombre d’amphores retrouvées sur les sites.

Mus par un mimétisme millénaire, nous avons fait la même chose : après un déjeuner sur le pouce chez Autogrillum à Pompéi, nous nous sommes octroyé le soir un dîner délicat dans un triclinium de Sorrente, étoilé par Michelum. Seul regret : on ne nous a pas proposé de manger allongés sur des banquettes ; nos jambes fatiguées par les heures de déambulation dans les ruines auraient pourtant apprécié.

 

 

PS : En voyant Pompéi et la proximité de Naples avec le Vésuve, on en vient à se demander ce qui se passera si le volcan se réveille demain et ensevelit Naples. Que penseront les archéologues du XXXXème siècle quand ils découvront les peintures baroques et les tags ? Les classeront-ils en périodes stylistiques ? Avec un style “berlusconien” pour le XXème siècle ?

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