Mon relecteur habituel et ma correctrice de remplacement étant tous les deux partis explorer les coins les plus reculés de la France, l’une à Nouméa, l’autre à Dunkerque, c’est sans relecteur que je vous livre ce dernier billet consacré à notre périple nippon. Je vous prie d’excuser par avance les fautouilles et les coquillettes qui pourraient s’y glisser.

“Pardon. Pardon. Excusez-moi. Le texte va commencer bientôt. Pardon. Vous pouvez lire. S’il vous plait, s’il vous plait. Merci. Merci beaucouuuuuuuuuup.” Si je devais dire ce texte à la manière des japonais c’est à près ce que cela donnerait, avec beaucoup, beaucoup d’excuses et de formules de politesse. Pour un pays qui a formalisé l’élégance de la concision littéraire avec l’aïku, on peut s’étonner du déferlement verbal que déchaine des actions aussi bégnines qu’acheter de l’eau dans une boutique. Que de courbettes et de salamalecs pour une bouteille de flotte ! Si on devrait toucher un yen à chaque fois que l’on entend “ sumimasen” (pardon/désolé) ou “arigato gosaimaAAAas” (merci), on repartirait riche.

C’est donc dans un train d’une infinie politesse, avec un controleur qui fait une courbette pour saluer le wagon à chaque fois qu’il rentre et qu’il sort, que nous quittons Kyoto. (Il y avait même un agent à la sortie du train pour dire “arigota gosaimas” en boucle à chaque passager). Mais avant de retourner à la frénesie de Tokyo pour un dernier jour de visites frénétiques (Shinjuku, Ginza, Roppongi), nous faisons un détour par la douce campagne montagneuse. Direction les sources chaudes de Kinosaki.

Nous pensions profiter de cette petite ville thermale pour nous tremper les fesses dans l’eau chaude comme le font les japonais. Nous ne pensions pas avoir droit en prime à une douche froide sous la forme d’un orage qui nous est tombé dessus alors que déambulions dans la vieille ville, allant de onsen (bains thermaux) en onsen habillés, comme c’est l’usage, en yukata et chaussés de tongues en bois (oui, il y a des photos !)

Une fois les fesses séchées, nous les avons posées sur le tatami de notre chambre pour déguster en tailleur (enfin…comme on peut) un bon repas de cuisine kaiseiki, la cuisine tradi et sa dizaine de petits plats plus ou moins identifiables. Si on omet le fait que l’on a fait cuire les sashimis (mais une crevette crue, c’est vraiment raide…) et fait l’impasse sur la soupe miso au petit déj, on a quasiment tout mangé !

Il faut dire que cette fin de séjour a été placé sous le signe de la gastronomie. Particularité de la cuisine japonaise, outre sa grande variété, est qu’elle est souvent préparée sous les yeux du client, la préparation faisant partie du spectacle. Nous avons découvert les okonomiyakis, une sorte d’omelette préparée sur une plaque chaude posée sur la table ; nous avons testé des plats variés dans un suriyaki assis à un bar qui entoure la cuisine ; nous avons dégusté un succulent boeuf waigu dans un tepanyaki, accoudé au comptoir face au cuisto qui faisait griller la viande et les légumes.

Peu de fruits et légumes dans la cuisine japonaise (ce qui me va bien !), au regard du prix exorbitant de ceux-ci. J’ai encore pris des photos de mandarines à 1 euros et ou d’un kilo de cerises à 75 euros !! Pour le prix, les cerises sont superbement alignées dans une belle boite. Seul le boeuf est plus cher que les fruits. La barbaque la plus cher que l’on ait croisé affichait une étiquette à près de 100 euros les 100g (oui, 1 000 euros le kilo, comme les truffes !). Pour le prix, la vachette a sans doute été massée à la bière. Mais offrent-ils aussi un massage (cardiaque ?) pour les clients choqués par le prix ?

Pour finir en beauté ce parcours gastronomique et préparer notre retour en France – métropolitaine ou d’outre mer – nous sommes allé assister à un dernier spectacle culinaire. C’est à l’Atelier de Joel Robuchon que nous sommes allé nous accouder au comptoir pour voir à la façon japonaise le spectacle de la cuisine à la française. Nous avons même eu la visite de Joel himself venu inspecter sa succursale nippone. Il est arrivé par l’avion que je reprend ce soir. J’espère qu’il aura inspiré le plateau repas d’Air France…



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