Le Magne est la région la plus au sud de la Grèce continentale. C’est, paraît-il, la Corse de la Grèce.

Une réputation conquise grâce à des siècles de vendettas sanglantes entre les clans rivaux des petits villages de cette terre aride et montagneuse. Ça vous donne une idée de l’image de la Corse…

Le Magne est resté intact pendant des siècles. Les envahisseurs (Francs, Turcs, Vénitiens…) se sont retrouvés confrontés à une société maniote hermétique et conservatrice. Dans les rares moments d’unité contre les assaillants extérieurs, les clans rivaux du Magne affrontaient l’ennemi ensemble, sans s’adresser la parole. Pratique.

Inutile de dire que cela n’a pas facilité le développement économique. Ni la natalité. Mais ces affrontements ont mené à la construction de tours en pierre conçues pour se défendre des attaques des clans voisins. Le paysage caillouteux vallonné est ainsi ponctué d’étranges tours carrées.

Le Magne, comme la Corse, a eu ses indépendantistes. C’est au Magne que se sont joués des moments clés du mouvement d’indépendance de la Grèce au 19ème siècle. Comme en témoigne les statues d’un personnage au look de Super Mario qui trône sur la place de chaque village.

Pendant longtemps, cette région montagneuse est restée quasiment inaccessible. On accédait aux villages par la mer puis par des sentiers de mules. Les fonds européens sont passés par là et ont fait des miracles en déposant un ruban de bitume carrossable sur les flancs des montagnes maniotes, créant au passage des panoramas époustouflants. Seule ombre au tableau : Google qui, depuis sa lointaine Californie, ne fait pas la différence entre une route goudronnée par l’Europe et un chemin défoncée par le passage des mules (et de leur version moderne, les pickups 4×4).

Avec les routes, le Magne connaît aujourd’hui une nouvelle vague d’envahisseurs : les vacanciers. La région ayant été quasi-désertée au début du 20ème siècle, elle est aujourd’hui repeuplée par les habitants des grandes villes. Résidences secondaires et villas de vacances fleurissent. Les nouveaux maniotes retapent les vieilles tours et en construisent de nouvelles.

C’est là que ça se corse pour le touriste. Les règles de construction du coin doivent imposer de construire dans le style local… y compris le look « en ruine ». Du coup, entre les vieilles tours (du 12ème au 18ème siècle) retapées et les nouvelles tours en fausse ruine, entre ruines anciennes ou ruines neuves, difficile de faire la différence !

Neuve ou restaurée ? Notez le style « en ruine » du deuxième étage.

Qu’importe, le paysage est superbe et les petits villages sont magne…ifiques !



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