C’est à Provincetown, à la pointe de Cape Cod, que sont arrivés en 1620 les tout premiers colons anglais qui allaient fonder l’Amérique. Et si le Mayflower revenait aujourd’hui à Provincetown, que penseraient les Pères Pèlerins ? Ces protestants puritains s’étoufferaient sans doute avec leur dinde de Thanksgiving en découvrant que leur colonie puritaine est devenue l’une des premières destinations du tourisme gay aux USA !

En descendant du Mayflower au même endroit 400 ans plus tard, nos pèlerins découvriraient une petite ville de 2 000 habitants envahie par 60 000 touristes en été.

Les indiens de 2018 sont très différents de ceux de 1620 : sur Commercial Street, l’axe principal de la ville, déambule une foule bigarrée mêlant poussettes, vélos, fauteuils roulants, familles, groupes et couples de toutes sortes. Une population indigène arc-en-ciel s’étendant sur 3 à 4 générations. Les pèlerins remarqueraient parmi les sauvages quelques spécimens de mâles dominants arborant des t-shirts bien trop petits pour les standards de 1620 (et même pour ceux de 2018 !).

Certains Indiens ont même des accoutrements effrayants, comme ces sorciers (sorcières ?) « drag queens » qui font de la réclame pour d’étranges cérémonies appelées « drag shows » qui se déroulent à la nuit tombée.

Côté nourriture, point de dinde. Si on en croit les menus, les indigènes de 2018 se nourrissent exclusivement de Peanut Butter Cups et de homard, décliné selon tout le répertoire culinaire américain : lobster wrap, lobster pasta, lobster burrito, losbter caesar salad, lobster mac & cheese, etc.

Autre sujet d’étonnement pour les Pères Pèlerins : le culte des licornes. Les icônes de cet animal mythologique se retrouvent partout : sur les vitrines, les enseignes, les vêtements. Toujours accompagné d’un arc en ciel. Quel est donc la signification de ce culte ?

En regardant les boutiques, nos pèlerins découvriraient que les vêtements noirs et les colerettes ne sont plus à la mode. Ils seraient peut-être surpris, comme nous, par l’exotisme de certains magasins (en photo uniquement ce qui est family-friendly !).

Fatigués de leur longue traversée, les Pères Pèlerins pourraient réserver une chambre dans la même auberge que nous, nommée en hommage à un prince anglais, le Prince Albert. Il est cependant possible que le double sens subtil de cette appellation royale leur échapperait (cf. notre billet sur Mykonos).

Si les Pères Pèlerins étaient venus coloniser l’Amérique avec leurs fidèles compagnons à quatre pattes, ils trouveraient à Provincetown tout ce qu’il faut pour les toiletter, les chouchouter et même les affubler d’accessoires ridicules. La plupart des restos prévoient même un espace dédié aux chiens. Provincetown est un paradis pour les clebs !

Mais aux yeux de nos colons puritains, il est possible que Provincetown ressemblerait plutôt à l’enfer. On y croise même des sauvages faiblement vêtus – probablement possédés par le démon – qui tentent d’attirer les foules innocentes (?) dans des lieux de débauche où l’alcool et la musique disco coulent à flot.

Effarés, nos pèlerins puritains pourraient espérer trouver refuge dans l’église. Peine perdue. La premiere paroisse fondée en 1620 par les premiers colons protestants est désormais devenue (véridique) une église « universaliste » dans laquelle toutes les religions se mélangent. « Everyone welcome », y compris – et surtout – la principale clientèle de la ville : les homos. Le pasteur y célèbre même des mariages gays !

Il ne resterait plus à nos pèlerins, comme ils l’avaient fait en 1620, qu’à s’adapter pour survivre. Notre recommandation : d’abord un peu de shopping pour rafraîchir la garde robe : tongs, débardeurs et maillots de bain (ce dernier est éventuellement optionnel…). Direction la plage de Herring Cove pour la bronzette. Puis un petit lobster roll sur le pouce, avant d’aller guincher sur Abba au Tea Dance du Slipboat. Faites-nous confiance, on prend vite le pli !



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