Tous les deux ans, le petit monde de l’architecture se presse à Venise pour visiter la Biennale. Sorte de « Festival de Cannes » de l’architecture (les paillettes en moins), la biennale d’architecture de Venise réunit pendant six mois des contributeurs et des visiteurs du monde entier autour d’une grande expo et de pavillons nationaux.

C’est la quatrième fois que nous venons pour une biennale. Et chaque fois nous constatons à quel point il n’est pas évident d’exposer l’architecture. A la différence de la peinture ou de la sculpture, on ne peut pas présenter directement les œuvres : les bâtiments ne logeraient pas dans les salles d’expo ! La plupart des contributeurs ont donc recours à des subterfuges : plans, maquettes, photos, vidéos, matériaux. C’est au visiteur de faire l’effort de compréhension et d’imagination pour appréhender l’œuvre.

Chaque contribution est accompagnée par un petit panneau prétendument explicatif. Panneaux sur lesquels les commissaires de l’exposition se sont écoutés écrire. C’est un festival de l’oxymore « poétique et pragmatique » où se mêlent « continuité et fragilité », «culture et consumérisme », « humanisme et tectonique » et, bien sûr, des approches « rhizomatiques et paradoxales ». Comprenne qui pourra ! Sans doute ces panneaux sont-ils eux-mêmes « des signaux faibles qui ouvrent des perspectives protéiformes et subversives »…

Chaque biennale a un thème que les participants s’emploient à faire semblant de respecter. Cette année, le thème est « freespace ». Un thème qui permet de montrer tout et n’importe quoi. Plutôt le second d’ailleurs. C’est là que ça devient rigolo, quand les exposants sortent des sentiers battus en marchant sur la ligne de crête qui sépare le génial du foutage de gueule.

Au milieu de plein de beaux projets architecturaux (notamment des projets chinois vraiment pas mal) et d’expos sérieuses (mentions spéciales pour les pavillons de l’Allemagne et de la France), on a croisé des trucs vraiment étonnants. Notamment une collection bizarre de scarabées associés à des façades d’immeubles (what the… ?!?) ou, plus ludique, une machine qui évoque le côté éphémère de l’architecture en faisant des murs en bulle de savon.

Le Lion d’Or de la Biennale a été décerné au pavillon suisse pour une expo qui met en scène la standardisation des aménagements intérieurs contemporains de logements en jouant sur les échelles. Sympa.

Nous, nous avons décerné à l’unanimité le Lion de Bullshit au pavillon de la Grande Bretagne. Les Brits ont fait une interprétation très littérale du terme « freespace » : le pavillon est complètement vide. Murs peints en blanc, absolument rien d’exposé. Le foutage de gueule dans toute sa splendeur immaculée.

Finalement, c’est sans doute le pavillon du Groenland qui est le plus honnête avec les visiteurs : il est littéralement fumeux.



Dans le même coin

Nos visites

Expo : Qu’est-ce qu’une chapelle au XXIème siècle ?

Le Vatican chercherait-il à dépoussiérer l’image de l’Eglise ? Le Saint-Siège a donné, en marge de la biennale d’architecture, une carte blanche à dix architectes pour construire des petites chapelles… lire la suite