Le problème d’aller à l’autre bout du monde, c’est que c’est à l’autre bout du monde et qu’il faut y aller !
Si cela a pris 40 jours à Phileas Fogg de faire un demi-tour du monde, on peut maintenant faire la même distance sur un Paris-Sydney en à peine 30 heures. Ajoutez à cela un retour et quelques vols « locaux » Sydney > Nouméa > Auckland > Queenstown > Wellington et on atteint les 80 heures de vols pour faire notre petit tour du monde.
Il va sans dire que l’aventure mise en scène par Singapour Airlines est nettement moins palpitante que celle proposée par Jules Verne. Points d’éléphants ou de montgolfières. Les seuls animaux que j’ai croisés sont les carpes Koi de l’aéroport de Singapour où j’ai fait escale. Les seuls frissons de frayeur sont apparus quand l’hôtesse m’a tendu un plateau repas rempli de courgettes !
Non, la vraie frayeur m’a saisie quand j’ai fait le calcul du bilan carbone du voyage. L’aller simple pour Sydney pèse 3,3 tonnes de CO2 sur ma conscience écologique. La totalité du voyage dépasse les 10 tonnes ! C’est l’équivalent de deux années d’émission de CO2 d’un français moyen avec Xantia diesel, gilet jaune et régime Charal.
Le bilan carbone du père Fogg ne devait pas être fameux non plus. Il était en pleine révolution industrielle, Jules Verne lui a fait prendre des trains au charbon et des bateaux à vapeur. Ça n’y allait pas molo sur le C02 à cette époque ! La grande différence ? On est passé d’un rêve exotique exceptionnel à une réalité touristique de masse.
Alors, on tente de se racheter une conscience comme on peut. A l’aéroport de Singapour, où les touristes mondialisés s’arrêtent boire un café entre l’Europe et le Pacifique, on a la possibilité de sauver le monde en ne prenant pas de paille avec son cappuccino. Un petit geste pour la planète, de grandes gesticulations pour le marketing. Pas sûr que ça suffise à sauver la planète…