C’est sans appel : l’Amérique a gagné la guerre froide. Les emblèmes de l’Amérique triomphante (McDo, Burger King, Starbucks…) ont envahi les rues commerçantes de Saint-Petersbourg.

Mais l’esprit soviétique a la vie dure. Les cocos font de la résistance !

D’abord parce que la nostalgie rouge paye. Les touristes sont inondés de babioles estampillées de la faucille et du marteau. Ces babioles sont fabriquées, miracle du capitalisme mondialisé, par des camarades travailleurs chinois qui eux sont restés communistes ! Enfin…

Et puis, les petites mamies dans les guitounes en bas des escalators du métro n’ont pas bougé depuis la dernière fois que je suis venu (en 1993 !). Elles ne travaillent plus pour le KGB mais surveillent toujours les allers-venues des voyageurs. Et elles continuent à hurler dans des téléphones en bakélite installés sous Brejnev.

Mais l’âme soviétique ne s’incarne jamais mieux que dans la file d’attente ! Pour visiter le musée de l’Ermitage, summum des richesses du pays, on atteint, c’est logique, le summum des files d’attentes ! Les files se croisent dans tous les sens pour les guichets, les machines et les différentes entrées du musée.

Nous avions cru contourner les files en achetant nos billets à l’avance sur internet. C’était sans compter sur l’unique portique de sécurité dédié aux porteurs de billets internet qui permet aux touristes prévoyants de bénéficier quand même d’une expérience authentiquement russe en faisant la queue comme tout le monde ! Et pour parfaire l’ambiance russe, de la neige et des rafales de vent sont venues s’ajouter à l’attente.

On a calculé au moins deux bonnes heures d’attente dans le froid : on a donc lâché l’affaire et on est revenus le lendemain à l’ouverture pour ne faire « que » une heure de queue !

Le jeu en vaut néanmoins la chandelle, car l’Ermitage tient ses promesses. Les collections amassées par les tsars rivalisent avec les plus grands musées du monde. Il y en a pour tous les goûts : sarcophages égyptiens, statues grecques, peintures flamandes, mobiliers Empire… Mais c’est le bâtiment qui vaut surtout son pesant de malachite. C’est grandiose. Les colonnades, les marbres, la marqueterie, les peintures et les dorures : ça en met plein la vue.

C’est tellement grand qu’on est à peine gênés par les hordes de touristes asiatiques téléguidés via l’oreillette par des guides à parapluie. Mais difficile de ressentir la solennité de la salle du trône.

Sur les bons conseils de Nicolas, nous avons trouvé refuge dans la collection des antiquités sibériennes, étonnamment ignorées par les circuits tour-opérés.

Les œuvres les plus récentes (les Picasso, Van Gogh, Kandinsky…) ont déménagé dans un nouveau bâtiment entièrement rénové qui est plus conforme aux standards muséographiques actuels. C’est bien organisé, c’est fléché, on n’y fait pas la queue. C’est presque dommage, on dirait que ce n’est pas tout à fait russe.



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