Arles faisant partie de ces villes pédantes qui modifient leur préposition, on dit « en Arles ». Comme on dit « en Avignon », « en retard » ou « en train de casser les pieds avec les particularités de la langue française ». Et ça, ça fixe un niveau.
Car voyez-vous, on ne dit pas « je vais me bronzer les fesses en Cap d’Adge ». Non, on va « au Cap d’Agde », comme on va « au coiffeur » ou comme la vache va « au taureau ». C’est prolo, c’est beauf. « En Arles », c’est un autre standing, y’a pas photo.
Il n’y a qu’à voir la population drainée par les Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, le festival de Cannes de l’image fixe. Des touristes artistico-intellos, plus proches de la population de la biennale de Venise que de celle du festival du cerf-volant de la Grande-Motte.
Et pour voir quoi ? Des photos ! Plein de photos. La petite ville médiévale sert d’écrin à une cinquantaine d’expos de photos. Toutes sortes de photos, du plus pointu au plus étonnant. On a profité de la journée de pluie pour faire un petit safari-expo-photo.
On a croisé de la photo utilitaire. Les inventions soumises au sous-Secrétaire d’Etat aux inventions (ça ne s’invente pas !) au début du 20ème siècle ont été dûment photographiées. On y trouve en vrac des frondes géantes, des roulettes pour les soldats qui rampent et des prototypes de lave-vaisselle à manivelle. Génial !
Il y a aussi de la photo historique. Des photos commandées par Vichy – aux plus belles heures de la France – sont les derniers témoignage de la « zone » de Paris. Cette bande de terrain laissée libre autour de Paris après la destruction des fortifications devait être non-constructible mais rapidement des habitations de fortune s’y sont installées et c’est devenu la zone…
La photo tutoie aussi la sociologie quand elle s’intéresse aux riches et aux pauvres de Las Vegas et Macao. Témoignage de l’opulence et du désarroi dans des photos prises sur le vif par Christian Lutz. Ce n’est pas le frère l’Alex ; une visiteuse (venue de la Grande-Motte ?) a posé la question.
A mi-chemin entre le reportage et l’expression artistique, les photos de l’expo Movida apportent, elles, un éclairage sur ce mouvement artistique madrilène. Elles donnent à voir Almodovar avec une coupe de cheveux d’époque.
(Le Lego au premier plan est contemporain.)
Mais la photo c’est aussi un média d’expression artistique pure. Et là, tout est possible, du bizarre (également appelé Art Contemporain) au plus ou moins ésotérique.
Et parfois, la photo sort de son cadre quand l’artiste crée le décor de ses photos en vrai sur le site de l’expo :
Ce qui me permet de finir ce billet par une photo moche, prise par mes soins :