En ces temps de covid, toutes les festivités rassemblant de la foule ont été annulées. Cela inclut évidement le traditionnel (et paraît-il extravagant) bal du 14 juillet de l’île du Levant.

Pas question de déroger à la règle : les organisateurs ont donc très officiellement annulé le bal qui devait se tenir sur la place du village. Les deux policiers municipaux, arrivés la veille pour faire respecter la loi pendant la période estivale, pouvaient être rassurés : aucun bal ne serait organisé sur l’île du Levant.

Mais qui a dit qu’un bal devait être organisé ?

Il se pourrait, par exemple, que les trois bars de la place du village mettent de la musique un peu forte en l’honneur de la fête nationale. Ils pourraient même coordonner leur musique pour que toute la place vibre d’un seul rythme. Et si, de manière pas du tout organisée, il s’avérait que des gens se mettent à danser sur l’espace public, comment pourraient-ils l’empêcher ?

Et c’est ainsi que dans l’après-midi du 14, la rumeur s’est répandue sur l’île. On l’a entendu à la boulangerie, on en a parlé à la pizzeria, l’info a été relayée sur la plage. Rien d’officiel… mais tout le monde était au courant ! Et, le soir, la place était pleine de monde.

A minuit, ça dansait, ça chantait, ça picolait. Le King Elvis, Queen et Prince étaient à nouveau décapités à coup de fausses notes.

Heureusement, la taille de la place permettait de respecter des distances raisonnables. Plus raisonnables que dans la plupart des bars ! Et puis, ici, on combat le covid avec du pastis, un autre remède marseillais aussi efficace de la chloroquine !

Nous, nous sommes restés confinés sur notre terrasse, retenus par une caipirinha républicaine servie par une brochette de voisins fort sympathiques.

On a fini par aller jeter un coup d’oeil au bal, attirés par Les Démons de Minuit (ceux qui nous entraînent au bout de la nuit). On s’est un peu trémoussé. Le DJ n’a pas osé passer « Au Bal Masqué » de la compagnie créole qui aurait pourtant été de circonstance.  La sono s’est tue raisonnablement à 1 heure du mat’ et tout le monde est gentiment rentré se coucher.

Même les deux policiers municipaux montraient l’exemple en respectant les distances sociales. Et en plus ils s’étaient déguisés avec des insignes tricolores pour être dans l’ambiance du 14 juillet !