Après Koya-san et son temple-auberge luxueux, c’est toujours sous le signe du luxe et de la spiritualité que sommes hébergés à Osaka mais dans un style très différent.

Perché en haut d’une tour dans le centre ville d’Osaka, notre business-hotel s’inspire de l’Angleterre classique : boiseries, mobilier, tableaux aux murs… Raffinement et distinction accessibles à notre bourse modeste grâce à une promo sur Expédia. Et la spiritualité, où est-elle me direz-vous ? Eh bien, à gauche en sortant de l’ascenseur. C’est là, dans le hall de l’hôtel, au 22ème étage, qu’a été reconstruite pierre par pierre une authentique église de campagne anglaise. Cette église est utilisée pour des cérémonies de mariage. Les mariés et leurs invités pouvant ainsi passer directement de l’autel à l’hôtel en traversant le couloir.

Osaka est une ville démente, encore plus que Tokyo, ce qui n’est pas peu dire.

Paronarama de la vue de notre hôtel : une pyramide en verre, un bâtiment octogonal non identifié, quelques gratte-ciel, un hôtel de style prétendument provençal avec une façade façon poterie achetée aux Baux-de-Provence, un centre commercial avec un parking de plusieurs étages posé dessus. Le tout est relié par d’immenses avenues au-dessus desquelles se croisent plusieurs étages de voies rapides et au-dessous desquelles se cache un immense centre commercial souterrain qui relie les deux gares du quartier. Un décor de film futuriste. Une impression de démesure.

Ce matin, nous allons visiter le nord de la ville. Tout à coup, Nicolas me fait remarquer que l’on croise des gens avec des parapluies, il doit donc pleuvoir dehors. Dehors ?!? En deux heures, nous avons traversé la ville et visité plusieurs grands bâtiments, pourtant nous n’avons pas quitté un seul instant l’atmosphère climatisée. Nous avons évolué dans des rues commerçantes souterraines remplies de boutiques et de petits restos qui relient entre eux le métro avec les immeubles de bureaux, les hôtels, les centres commerciaux et les espaces de loisirs. C’est toute une ville parallèle semi-enterrée qui se déploie à l’abri des voitures. Une ville pour le piéton pressé, le passant affamé ou la fashion-victim. Cela explique pourquoi la ville du ‘dehors’ semble un peu inhumaine, les rues sont laissées aux voitures, les piétons sont dessous.

Heureusement, tout Osaka n’est pas comme ça. Il y a aussi Dotombori, un quartier non loin de notre hôtel qui a la réputation d’un lieu de sorties et de bonne bouffe. À quelques mètres des autoroutes qui se croisent dans les airs, on trouve de vraies rues piétonnes dédiées au shopping et aux restos.

Et là, c’est une autre démesure : la foule, le bruit, les enseignes, les néons, les écrans et les publicités. Tout est bon pour attirer le chaland : un crabe haut de trois étages, un dragon qui traverse un mur et réapparait à l’angle du bâtiment, une main géante qui tient un sushi non moins géant. Partout des enseignes qui clignotent, qui scintillent, qui bougent, qui font du bruit. Dotombori ferait passer Shibuya et Times Square pour de vagues kermesses avec guirlandes électriques. Même Las Vegas parait bien sage à côté de ce quartier d’Osaka.

Voilà, c’est sous le clignotement des néons et devant de délicieuses spécialités au crabe (dans le resto avec le crabe de trois étages) que se finit notre voyage au Japon.

Notre impression générale est celle de gamins dans un magasin de bonbons : il y a tant de choses à découvrir, tant de choses à comprendre, tant de choses à essayer. On s’est goinfré de visites et d’expériences. On a frisé l’indigestion de temples en bois et de centres commerciaux en béton, de bouddhas dorés et de Hello Kitty rose bonbon. Mais on l’impression de n’avoir goûté qu’à une petite partie des bonbons du magasin. On commence juste à connaître l’histoire du pays, à identifier les différentes religions, à saisir quelques subtilités, mais on ne fait qu’effleurer la richesse culturelle de ce pays qui se livre difficilement à nos yeux d’occidentaux et qui recèle encore tant de mystères et de merveilles. Il faudra revenir !