Une fin de voyage itinérante, disais-je en conclusion de mon précédent billet. Je ne croyais pas si bien dire. Pour nous rendre de notre hôtel de Kyoto au musée Benesse House sur l’île de Naoshima, avons pris, dans l’ordre, deux shinkensen (TGV), deux trains régionaux, un bateau et un bus. 5 changements et pas un accro ! Les transports japonais sont à la hauteur de leur réputation : incroyablement à l’heure. 18 secondes de retard moyen depuis 20 ans sur le Shinkensen. Le RER C et ses 14 minutes de retard moyen sur l’année pourrait en prendre de la graine.
Et pourquoi donc faire autant de transport ? Et bien, pour aller voir des musées ! Et pas n’importe lesquels, des musées conçus par Tadao Ando. Vous voyez bien sûr de qui je veux parler. Non ? Mais si, voyons, c’est l’architecte de la fondation Pineau de sinistre mémoire. Il s’est apparemment spécialisé dans les musées sur les îles. Et parfois, il finit par les construire…
En tout cas, il a fait de bien beaux bâtiments, discrètement cachés dans la montagne. Des musées qui attirent les architectes et créatifs de tous poils par centaines. Du coup, le spectacle est autant dans les vêtements des visiteurs que dans ce qui est exposé. Les œuvres exposées ? Un Warhol par-ci, un peu de land art par là, un Cy Twomby pour être à la mode. Pfuuu, franchement on vient plus pour l’architecture et le site que pour les oeuvres. C’est un peu l’effet Guggenheim.
La seule vraie claque artistique, c’est un “trou” de James Turrell. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le musée d’art contemporain de Rochechouard (87) et son fameux trou, laissez-moi vous raconter l’expérience. On rentre dans une salle noire. Vraiment noire, on voit rien, que dalle. A tâton, on s’assoit dans un coin et doucement, le yeux s’adaptent. On commence à distinguer des formes, on voit ses mains et, peu à peu, au fond la salle, on aperçoit un tableau. Blanc, blanc casé. Au bout de 5-10 minutes, on arrive à voir et à se déplacer dans la pièce et on peut aller voir ce tableau de plus près. Sa couleur est subtile, lumineuse, on se demande comment de la peinture peu rendre cette couleur. On a envie de le toucher, on approche la main et hop … La main passe à travers. En fait, ce n’est pas un tableau, mais un trou ! Un vide éclairé. Le tableau n’est qu’une illusion d’optique créé par l’éclairage. Très réussi.
Venir sur cette petite île, c’est aussi l’occasion de quitter les grandes villes et de venir voir le Japon rural avec ses petits villages et ses petites maisons. N’ayant pas les moyens de résider à l’hôtel du musée Benesse House (600 euros la suite avec accès illimité 24/24 au musée), nous logeons chez une petite dame dans le petit village à côté. Futons, micro-matelas, mal au dos. Typique quoi.
La petite dame ne parlant pas un traitre mot d’anglais, c’est avec des signes et des gestes internationaux (comme sortir les billets…) que nous communiquons. Il faut être honnête, notre japonais ne s’est pas amélioré en quinze jours. Les japonais parlent ultrarapidement, du coup on n’arrive même pas à identifier et à apprendre les mots de base. Sorti de ‘ohayo gozaïmaaas’ (bonjour) et ‘arigato gozaïmaaaas’ (merci), on est un peu dépourvus. Mais comme toutes les formules de politesse contiennent ‘gozaïmas’ en insistant sur la dernière syllabe, on fait comme eux : on marmonne rapidement un truc et on finit par ‘maaaAAAaasss’. Provoquant parfois quelques regards amusés.
Prochaine étape Koya-san via Osaka : un bus, un bateau, un train, un shinkensen, un métro, une nuit à l’hôtel, un train, un bus (à cause du typhon qui a cassé le pont ferroviaire), un train, un funiculaire, un bus. Ouf.