Takayama. Petite ville perchée dans les montagnes, célèbre pour ses rues pittoresques et sa viande de bœuf. Une sorte de Salers nippon – avec quelques temples bouddhistes en plus.
Nous avions prévu deux jours. Le premier, la pluie battante a eu raison de nos ardeurs touristiques et nous a donné une bonne excuse pour nous consacrer, entre deux musées, à la découverte de la gastronomie locale, bien au chaud. Le bœuf est effectivement très bon.
‘Bye bye typhon’ nous a expliqué le deuxième jour, dans un anglais approximatif, la tenancière du café où nous avons pris le petit dej. Effectivement, cette prévision météorologique de haute volée s’est avérée exacte. Nous sommes au pays du soleil qui se lève enfin.
Et la ville prend un autre aspect sous le soleil. On flâne dans les ruelles piétonnes bordées de maisons en bois traditionnelles, on rentre au hasard dans les boutiques d’artisanat local, on se promène dans les sentiers en allant de temple en temple. Car, s’il y a bien quelque chose qui ne manque pas, ce sont les temples. De quoi faire le bonheur du touriste. Comme le dit un vieux proverbe japonais : y’a du soleil et des bouddhas, karma-dirladada.
Ce jeu de mot foireux me permet d’introduire subtilement l’apparté du jour : à quoi reconnait-on un temple bouddhiste d’un temple shintoïste ? C’est une question qui nous a taraudé une bonne partie du voyage. Si on lit les guides, il y a des signes qui ne doivent pas tromper : un tori (un portique en bois), un petit lavoir pour se rincer la bouche, des petits papiers accrochés de-ci de-là : c’est un temple shintô. Un encensoir à l’entrée, des fleurs de lotus, une déco exubérante et bien sûr des bouddhas : c’est un temple bouddhiste.
Mais ça, c’est la théorie. En pratique, c’est un vrai mic-mac. Tout est mélangé ! L’encensoir bouddhiste côtoie souvent le bassin à ablutions shintô et dans de nombreux temples, on trouve des symboles des deux religions mélangés. Le temple d’Asakusa à Tokyo est dédié à Cannon, divinité bouddhiste, mais c’est le lieu des plus grandes festivités shintô du pays… C’est à en perdre son latin.
On ajoutera quelques croyantes diverses, comme cette fontaine dont l’eau permet aux étudiants de réussir les examens (à condition de bosser un peu quand même…)
Comment font les japonais pour s’y retrouver ? Et bien, ils s’en foutent ! Les japonais sont majoritairement bouddhistes ET shintoïstes. Ils suivent les enseignements de bouddha et les cultes ancestraux en passant de l’un à l’autre selon les occasions. Et comme les temples sont le plus souvent gérés par des sectes ou groupes religieux indépendants, chacun fait son marché dans les croyances, avec plus ou moins d’orthodoxie ou de créativité…
Un seul point commun, la grosse tirelire à l’entrée du temple, où l’on est invité à jeter des sous avant de prier. La religion de l’argent est universelle, c’est bien connu.