Nous quittons Tokyo et d’un coup de Shinkansen (le TGV japonais), on se retrouve à Kyoto, la capitale des empereurs du Japon pendant 10 siècles. Une capitale politique, mais surtout une capitale spirituelle. Et en 10 siècles, on en a construit des temples ! Heureusement que la plupart de ces temples en bois ont fini cramé ou détruit par les tremblements de terre sinon le guide bleu aurait ressemblé aux pages jaunes. Rassurez vous, il reste suffisamment pour combler le touriste exigeant (un peu plus de 400, parait-il).

Alors, à quoi ça ressemble un temple zen ? Plus ou moins à la maison de Brive. A quelques détails près. La structure en bois, les portes fenêtres coulissantes, les galets pour faire couler l’eau, c’est pareil qu’à Brive. Il y a plein de mousse dans le jardin, comme à Brive. Et il y a autant de gravillons au Pavillon d’Argent que dans le jardin de la mémé de Brive, celui de Kyoto est peut être un poil mieux ratissé.

Dans les petites différences, on notera les toits en tuiles qui rebiquent à la japonaise et les peintures sur les panneaux coulissants. Il y a aussi le parquet ‘rossignol’ avec des lames de parquet spécialement conçues pour faire du bruit et avertir de l’arrivée de visiteur.

Et puis c’est vrai que dans la maison de Brive il n’y a pas non plus de statues de Kannon ni de bouddha (toutes blagues sur mon physique sont interdites).

Après une première cure de Zen mercredi et jeudi (Sanjusangendo et ses 1000 statues photocopiées de Kannon, le Pavillon d’Or et sa foule, le château Nijo-jo et ses superbes panneaux peints), nous sommes allés à Nara vendredi voir les biches en liberté et le grand bouddha (plus quelques temples zen).

Samedi, on a délaissé le bouddhisme pour un retour aux sources du Shintô.  Direction le temple d’Inari, le dieu renard, et ses quatre mille toriis plantés le long d’une balade de 4 kilomètres dans la montagne. Une des cartes postales les plus connues du Japon. On a évidemment fait le tour complet, sans rechigner dans les longs escaliers qui montent en haut de la montagne : on a croisé des vieilles mamies au dos tout courbé qui grimpaient comme des cabris.

Inari est le kami des céréales, donc du riz, donc du commerce. En vieux renards, les moines du temple ont effectivement tout compris au commerce. Chacun des 4 000 toriis (portiques oranges) positionnés le long du chemin est sponsorisé par une grande entreprise. Et comme il faut renouveler les toriis tous les 10 ans (le bois s’use…), les entreprises recrachent périodiquement les sous. Futé le renard !

Mais il n’a pas le monopole du sens des affaires. Les temples bouddhistes ne se débrouillent pas mal non plus. Encens, bougies, calligraphes qui font un grigri pour 500 yens, gâteaux à l’effigie de bouddha, quand ce n’est pas carrément des produits dérivés Hello Kitty dédiés au temple, tout est bon pour faire sortir les sous du visiteur. Mais la meilleure technique reste la méthode de prière : pour prier les japonais jettent des pièces dans une grosse tirelire et tapent deux fois dans leur main. A chaque autel ou chapelle, ils sont invités à lâcher quelques pièces pour prier. Le “Pay4Pray” est sans doute plus rentable que la quête dominicale. Il y a des idées à prendre !

Nul besoin d’être un moine pour ramasser les sous des touristes. Des organisations *culturelles* le font très bien aussi. Nous sommes allés assister à un *spectacle* censé présenter aux étrangers la culture traditionnelle japonaise en 45 minutes : un attrape touriste de première catégorie. Si on le transposait en France, imaginez dans une petite salle de spectacle du quartier latin, une troupe issue d’une maison de retraite pour intermittents du spectacle réaliser successivement une bourrée limousine, un extrait de théâtre de boulevard (au moment où le mari ouvre le placard et trouve l’amant), un french-cancan et un spectacle de guignol; le tout pendant qu’une bigoudaine réalise la cérémonie des crêpes sur un air de bignou. Et bien, c’était pareil en version japonaise : un gloubiboulga culturel avec des américains qui filment tout avec leur téléphone. J’ai vu une partie du spectacle à travers l’écran de l’iPad du mec qui filmait devant moi…

On quitte Kyoto demain et il reste pourtant encore tant de temples à voir. Il faudra revenir !

 

PS : A Kyoto aussi, on trouve des enseignes aux consonances francoïdes.  « Bistro Lune Lapin », Bourgeon », “Steak Ciel Bleu”, “Le grand marble”, “Molette” sont des invitations poétiques à découvrir la cuisine locale. Pour un vrai gout japonais, il faut aller chez “Mon ami Umami”, mais si on veut être plus global direction chez “Gourmonde”.

Coté boutique, on n’est pas en reste. “Té Chichi” et “Ropé Picinic” vendent apparemment des vêtements tout comme “Louis Chantilly” qui n’est pas une pâtisserie.  La marque de vêtements ‘Cher’ annonce clairement la couleur. “Bonzour boutique” a un zoli nom. Et à la “Grande Bène”, les vêtements sont à jeter.  Mais que dire de la boutique “Baisè” (qui vend des ustensiles de cuisine, allez comprendre…)

N’allez pas croire que le français soit la seule langue massacrée. L’anglais arrive en deuxième position. “Become good travel”  propose des vêtements pour voyageur (illettrés?). “Anglobal” souligne que l’anglais est la langue globale même quand elle ne s’écrit pas comme ça. Mais notre favori de la semaine est la marque de vêtements “W Closet”. Qui peut bien acheter des vêtements siglés WC ?  Ceux qui ont un gout de chiotte peut être ?



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Nos photos

[Photos] Pavillons d'or et d'argent
[Photos] Temple d'Inari