Le pass Interrail permet aussi de prendre des trains de nuit. Mais dans des wagons normaux. Alors pour les 16h de train entre Budapest et Berlin, nous avons fait nos bourgeois : nous avons payé un supplément cabine couchette juste pour nous deux.
Au petit matin (9h), après une nuit bercée par le train, nous voilà en pleine forme ou presque pour arpenter Berlin.
Cinquième étape : Berlin
Visiter Berlin, c’est plonger dans le pire de l’histoire du XXème siècle : le nazisme, la dictature communiste et la musique techno.
C’est par cette dernière que nous avons commencé. La culture club de Berlin est née sur les ruines du mur. Fille de la liberté et des synthétiseurs, cette culture a inondé de décibels les bâtiments abandonnés de la ville tout juste réunifiée mais encore en friche. Trente ans plus tard, la scène musicale s’est gentrifiée. Les normes de sécurité sont passées par là. Mais il reste à Berlin des bars sur des terrains vagues et des lieux de fêtes incroyables qui n’ont aucun équivalent à Paris, ni par la taille ni par l’ambiance. Et puis, on peut faire tellement de choses dans des boites de Berlin que l’on ne peut pas faire ailleurs… Comme fumer à l’intérieur !
On est allé voir et on a bien vu (et entendu). On a surtout vu qu’on est un peu vieux pour ces boom boom – surtout après une nuit dans le train. On a dû acheter des boules Quies et on est allé se coucher alors qu’il y avait encore la queue à l’entrée (à 3 heures du mat) ! Mais c’était dingue.
La culture club, on en a retrouvé des traces en visitant la fondation Boros installée dans un bunker au centre ville. C’est un immense bâtiment cubique ressemblant au coffre fort de l’Oncle Picsou, construit par les nazis pour abriter les Berlinois pendant les bombardements alliés. Il était tellement solide qu’on n’a pas pu le détruire après la guerre. Il a servi au stockage des bananes pour les dignitaires de la RDA (les seuls à avoir accès à ce produit de luxe) puis, à la chute du mur, il a été squatté et est devenu un club techno. Cinq étages de musique à fond mais avec des murs assez épais pour ne pas gêner le voisinage. Enfin, lui aussi s’est gentrifié : c’est maintenant un musée privé. On peut y visiter la collection perso d’art contemporain de la famille Boros : 90 salles, une oeuvre par salle. Avec ça et là des graffitis et des inscriptions rappelant les différents passés de ce bâtiment unique.
Ce mélange de passés, on en retrouve un peu partout à Berlin. Entre conscience des horreurs et nostalgie. Le musée de la RDA joue sur cette corde en rappelant la dureté de la Stasi et la faillite du régime est-allemand tout en mettant en scène les Trabants et autres objets de la vie quotidienne à l’Est. L’occasion de constater que les papiers peints des années 60 sévissaient aussi au-delà du mur.
La Kirsche sur le Kuchen du gloubiboulga historique est le château de Berlin. Un gigantesque bâtiment royal avec sa façade baroque imposante achevée en… 2020. Les autorités locales ont démoli le Palais de la République de la RDA – bourré d’amiante et au style années 70 certes très discutable – pour y (re)mettre à la place une copie du château de Berlin du 18ème. Une manière de réécrire une partie de l’Histoire avec de la dynamite et du béton. Boom !
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