Un génocide fait-il un bon musée ? Question décalée, je vous le concède. Mais il est vrai qu’il n’est pas évident de mettre la Shoah en musée sans risquer de sombrer soit dans le pathos, soit dans le factuel un brin ennuyeux. Le musée Yed Vachem réussit avec brio ce subtil exercice, être riche et informatif sans être docte, être émouvant sans être larmoillant, éclairer les pages sombres de l’histoire sans éblouir le visiteur. Le tout dans une architecture superbe, ce qui ne gâche rien. On croyait tout savoir sur la seconde guerre mondiale, et bien non.

Autres temps, autres massacres. Apres le musée de la Shoah, direction le musée d’Israël pour découvrir l’histoire – pour le moins tumultueuse – de la région. Invasions, massacres, exodes, destructions… Etre une terre sacrée pour plusieurs religions n’a pas que des avantages.

Mais une terre sacrée renferme aussi des trésors. Un de ces trésors est exposé au musée d’Israël : les fameux manuscrits de la mer morte. Les plus vieux textes bibliques, retrouvés dans une grotte à Qumran au bord de la mer morte. L’occasion de comprendre un peu mieux d’histoire de ces bouquins qui sont à l’origine de tant de passions, mais aussi de tant de violences.

Le lendemain, n’ayant pas eu assez de musées la vieille (6 heures seulement…), nous enchaînons avec le musée de la ville de Jérusalem. Surprise, on y parle de construction de murailles, d’invasion, de construction et de destruction du Temple (2 fois), d’exode… Bref, la routine.

Avant de quitter Jérusalem, nous effectuons un dernier pèlerinage. Un pèlerinage “deux-en-un” : dans un même bâtiment du XIVe siècle, au rez-de-chaussée la tombe du roi David et au premier étage le Cénacle, lieu du dernier repas de Jésus. Évidemment, vous allez vous demander : pourquoi donc est-ce que Jésus est venu prendre “le pain et le rompi” au-dessus de la tombe du roi David ? Et comment a-t-il fait pour donner rendez-vous à ses 12 copains au premier étage d’un bâtiment du XIVe siècle après lui-même…? Sans doute a-t-il choisi l’endroit en anticipant que les chrétiens (qui n’existaient pas non plus à son époque) seraient ainsi ravis s’embêter les juifs quelques siècles plus tard… Un vrai visionnaire, ce djizeuss.

Ce double pèlerinage se visite en faisant bien attention à sa casquette : une église chrétienne, hop on enlève sa casquette, un lieu saint juif, on la remet illico, on rentre dans la salle du Cénacle, on la renlève. On sort au soleil et on se dépêche de la remettre. Le dieu Soleil est celui qui est le moins tolérant avec ceux qui oublient leur couvre-chef.

L’après-midi, on prend la route. Changement de décor, direction Tel Aviv.