Samedi matin, réveil à 4h15 (ouch!). Voyage sans encombre via Munich. Repas “chicken or beef” servi à 10h du matin, en dépit du bon sens mais en application de l’adage aéronautique qui veut que “les prestations sont servies en début de vol”. Tant pis s’il est dix heures. Aucun soucis à la douane non plus, contrairement à nos craintes. Les douaniers étatsuniens ne sont pas moins tatillons. Nous voilà donc prêts à arpenter les ruelles de la vieille ville.
Première constatation : qu’est ce que ça grimpe ! Jérusalem est construit sur des petites collines, on passe notre temps à monter et descendre des escaliers et des ruelles en pente. Ça fait faire du sport. Mais est-ce suffisant pour compenser les pâtisseries orientales ?
Deuxième constatation : Jerusalem est une ville superbe. La pierre blonde qui est utilisée pour le pavage des rues et pour la plupart des bâtiments, modernes comme anciens, donne une grande unité à l’architecture de la ville malgré les époques et les styles différents qui se côtoient.
Ici tout est sacré. C’est the place to be pour les prophètes. Ils y sont tous passés : Abraham qui a failli y trucider son fils, Jesus qui y a porté sa croix, Mahomet qui a pris appui sur le Mont du Temple pour rejoindre le ciel. Du coup toutes les religions réclament leur bout de pierres saintes.
Après un tour des lieux saints, y’a pas photo : pour l’architecture religieuse, les musulmans battent les autres à plate couture. Tour d’horizon :
– Médaille d’or : l’esplanade des mosquées
Waou. Le site, bâti sur les ruines de l’ancien Temple des juifs, est superbe. Au milieu, le dôme du rocher avec sa coupole dorée domine l’esplanade et la ville. Il y règne un calme qui tranche avec l’agitation de la vieille ville.
Les non-musulmans n’y ont accès que quelques heures par jour et on s’est un peu planté avec les horaires (il faut dire qu’ils prennent un malin plaisir à changer). Bref, on a pu rester que quelques minutes sur l’esplanade, il faudra que l’on y retourne.
– Médaille de bronze : le mur occidental
On ne s’attendait pas à grand chose pour le mur des lamentations. On n’a pas été déçus. C’est… comment dire… un mur. Certes ce mur a peut-être 2000 ans. Mais c’est un mur. La place est toute simple et met en valeur le mur. Son accès est ultra-sécurisé avec des portiques de sécurité électroniques, mais cachers, comme l’atteste le certificat d’un rabbin qui précise que l’on peut passer sous le portique électronique même pendant Shabbat. Alors bien sûr, il y a une grande ferveur qui se dégage, surtout pendant Shabbat. On y voit des familles avec des enfants endimanchés (enfin plutôt ensamedifiés). On y voit aussi des juifs orthodoxes avec des chapeaux improbables. Le lieu est dédié à la prière et rien ne vient la perturber.
– Médaille de bronze : le saint sépulcre
Mais qu’est-ce qui a pris aux chrétiens ? Alors que pour le moindre bout d’os attribué à un saint quelconque, les chrétiens sont capables de construire les cathédrales les plus somptueuses, là, sur le lieu même où était plantée la croix (enfin, il paraît), ils n’ont pas été foutus de faire une église digne de ce nom.
La faute semble-t-il à la gueguerre entre les factions chrétiennes : arméniens, grecs, coptes, cathos, éthiopiens, syriens. Six communautés se partagent la basilique. Et se crêpent le chignon sacré dès que l’une touche à quoi que ce soit. Résultat : une église de bric et de broc avec des colonnes d’époques différentes qui ne pas alignées et un éclairage défaillant. Et afin d’éviter les chamailleries, c’est une famille musulmane qui conserve les clés de l’église et qui vient ouvrir tous matins.
Mais ce n’est pas tout. Sur le chemin de croix – celui qui est censé être le vrai chemin de croix – les stations sont toutes rikiki, parfois même planquées par les étals des vendeurs de t-shirts…
Et le tombeau de Marie ? Les touristes américains y ont glissé des dollars comme dans une grosse tirelire.
Bref, il y a un gros boulot à faire chez les chrétiens pour se mettre d’accord et mettre un peu mieux en valeur leurs lieux saints.
Jérusalem est une ville de croyants. Et comme chacun sait, la foi ne s’embarrasse pas toujours de détails, notamment historiques. Quelques exemples : la tour du roi David n’a pas du tout été construite par le roi David, le Christ n’a vraisemblablement pas suivi le tracé du chemin de croix marqué dans la ville, le sol en mosaïque sur lequel Ponce Pilate a prononcé son jugement date en fait du 4ème siècle et la pierre d’onction où a été déposé le corps du Christ date carrément du 18ème… Mais personne ne veut lâcher son bout de terre sainte, alors tout le monde fait mine d’y croire comme si de rien n’était. La foi et la diplomatie sont bien plus fortes que la science.
Côté nourriture, on a aussi fait dans le multiculturalisme : hamburgers, ramen japonais, houmous et falafel… Même si je me demande si ce n’est pas un blasphème, les falafels à Sion ? Faudra demander à DSK.
Demain, direction la mer Morte et Massada pour un day trip. Suite au prochain numéro.