Quelques nouvelles de notre voyage en Afrique du Sud en commençant par Johanesburg. Bonne lecture !
Samedi 3 : départ
Avion à 11h30, donc enregistrement à 9h30, donc départ de la maison à 8h. Tel était le plan. A 8h05 nous voilà donc dans la rue et à 8 h10, nous entrons dans l’ascenseur de la gare du nord qui mène au Rer. 8h11, après être descendu d’un mètre en vibrant comme une powerplate, l’ascenseur de verre s’arrête. Pas de panique, on appuie sur le bouton alarme : pas de réponse. On reste calme, on fait des grands gestes (calmement) et on hurle (en toute sérénité) et on se dit que l’on va rater l’avion, que le billet n’est pas changeable et qu’on va passer nos trois semaines de vacances à visiter Paris plutôt que Joburg ou Le Cap…. Et qu’on veut sortir de ce p…. d’ascenseur de m… On souffle, on reste calme. Et puis tout doucement, en vibrant, l’ascenseur remonte à son point de départ et les portes s’ouvrent. Nous atteignons finalement le RER par les escaliers ; c’est bien les escaliers aussi.
Vols sans encombre, via Abou Dhabi. Arrivée en avance (si si) à 4h30 du mat. Un distributeur de billets (de mauvais poil le matin?) nous avale une carte de crédit. La technologie n’est pas de notre côté, décidément.
Dimanche 4 : Jo’burg
Nous avons été royalement (et matinalement) accueilli par Navomi, la copine de notre ami Sud-africain Thiresh. Après un copieux petit dej, une sieste et un succulant biryani au poulet fait maison, nous sommes allé visiter le musée de l’apartheid en compagnie de Navomi et de deux amies à elle. Une bonne introduction à l’Afrique du sud en commençant par ses heures noires (enfin plutôt “blanches” en l’occurrence). Le tout mêlé des souvenirs de nos trois amies qui ont connu cette époque pas si lointaine.
Le soir, un petit resto italien un peu chic où l’on constate que malgré la fin de l’apartheid, les clients (et le patron) sont blancs et les serveurs sont noirs. Il reste encore du chemin à parcourir.
Lundi 5 : Jo’burg
Le plan, c’était d’aller à Pretoria avec la voiture de notre ami Thiresh. C’était sans compter sur la technologie, une fois encore. Enfin plutôt sur l’absence de technologie : Thiresh possède une superbe Coccinelle. D’époque. Un objet qui devrait se trouver au musée et non sur les routes. Au bout de 500 mètres de route (en conduite à gauche), dont un démarrage en côte héroïque, une conclusion s’impose : pas question de faire 100 bornes avec ce clou ! C’est un coup à se fracasser sur l’autoroute ou -pire – à tomber en panne dans une banlieue inconnue de Jo’burg.
Nous nous sommes donc rabattu sur un tour-tour pour touristes à la découverte du township Soweto dans un gros minibus aux vitres tintées d’où on peut allègrement photographier et filmer les pauvres sans être vus. Soweto, qui reste l’un des quartiers les plus pauvres et le lieu de toutes les révoltes contre l’apartheid, ne ressemble pas du tout à ce que je nous imaginions. Il y a bien quelques bidonvilles sans eau ni électricité mais l’essentiel du quartier (2,5 millions d’habitants le quartier tout de même) est constitué de petites maisons basses en forme de boîte d’allumettes alignées à perte de vue. Il y a des écoles, des cliniques, un hôpital (un des + grands du monde), un stade de 40 000 places, une banlieue chic (si si), des centres commerciaux… Bref même si tout est un peu délabré et pas ultra propre, la grande majorité de Soweto est loin de l’image des bidonvilles comme on peut en trouver dans d’autres pays. Ceci dit, malgré l’amélioration des conditions d’habitat, surtout ces dernières années, la ségragation économique et les problèmes sociaux (à commencer par la criminalité) minent encore ce quartier.
On est passé devant la maison de Nelson Mandela et celle de Desmond Tutu. Deux prix Nobel de la Paix qui habitent dans la même rue, c’est pas courant.
Mardi 6 : Jo’burg
Notre ami Thiresh est rentré de Cape Town mardi matin. Nous avons pris le petit dej avec lui avant qu’il ne file au boulot. Thiresh nous a communiqué son enthousiame pour sa ville. Jo’burg connait certes de nombreux problèmes (doux euphémisme) mais “there is so much to do to improve the city, man”, dixit. Thiresh a monté un cabinet d’urbanisme engagé : il bosse avec des artistes, des historiens, des designers pour des projets d’utilité publique. Il a notamment gagné le projet de rénovation de la rue de Soweto où habitaient Nelson Mandela et où habite toujours Desmond Tutu.
Thiresh nous a conseillé un tour organisé par un guide urbaniste. Nous avons passé trois/quatre heures passionantes avec un spécialiste de la ville. Il nous a fait découvrir la ‘urban forest’, une zone qui couvre l’essentiel de la ville, plantée d’arbres et parsemée de maisons (avec barbelés quand même) faisant de Jo’burg une de métropoles les plus vertes au monde. Il nous a expliqué comment le centre ville s’est constitué autour de la mine d’or et comment, après avoir été réservé aux blancs pendant l’apartheid, il est peu à peu devenu l’un des endroits les plus dangeureux au monde. Nous avons vu le township d’Alexandra oú la pauvreté s’entasse dans des bidonvilles à quelques centaines de metres d’un des quartiers les plus riches de la ville. On a vu les efforts -plus ou moins réussis- des authorités pour améliorer le quotidien des plus pauvres. Et les millions dépensés dans un projet ferroviaire pharaonique pour permettre aux businessmen de gagner quelques minutes pour aller à l’aéroport. Il nous a montré comment les autoroutes et zones industrielles sont utilisées pour fragmenter le territoire et séparer physiquement les zones extrêment riches des zones extrêment pauvres. Saviez-vous que l’Afrique du Sud est le pays où se vend le plus d’Aston Martin ? La boutique qui les vend n’est qu’à quelques kilomètres du bidonville d’Alexandra… Une visite fascinante bien éloignée des tour-tours pour toutous.
Aujourd’hui décollage pour Cape Town.