A Berlin, le mur venait à peine de tomber qu’à Prague, les chars russes commencaient à céder leur place de parking aux cars de touristes. C’était il y a 25 ans (en 91,92 ?), j’avais un T-shirt « Tout à fait Thierry ». Ma mère et ma marraine nous avaient emmené découvrir Prague. Depuis, de l’eau a coulé sous le Pont Charles.
A première vu, Prague n’a pas tant bougé. L’essentiel est toujours là. Le pont Charles permet encore, depuis quand même 7 siècles, de traverser royalement la Vltava pour se rendre dans le joli quartier de Mala Strana. Les églises baroques épargnées par le communisme dégoulinent toujours autant de dorures. L’horloge de l’hôtel de ville donne toujours l’heure de manière aussi l’illisible. Et les noms de rues ont toujours aussi peu de voyelles.
Mais pourtant rien n’est vraiment pareil que dans mes souvenirs des années 90. En quelques années, l’économie de marché a pris le contrôle de la ville plus efficacement que les soldats de l’armée rouge n’y étaient parvenu. Les commerçants, les véritables soldats à la solde de la main invisible du marché, se sont mis au service du tourisme mondialisé. Les rares boutiques de souvenirs des années 90 ont maintenant conquis la vieille ville. On en trouve pour tous les (mauvais) goûts. Des échoppes permettent même aux nombreux touristes chinois de ramener des souvenirs de Prague jusqu’à leur pays de production !
Coeur touristique de la ville, la place de la Vieille ville a reçu un bon coup de pinceau. Maintenant, tout est pimpant ! Et ce pour le plus grand plaisir des troupeaux de touristes brandissant au bout de leurs canes à selfie leurs iPhones, symbole du capitalisme triomphant. La grande place est même devenue un showroom pour Segway, ce génial véhicule à deux roues promu au rang de « promène-couillon » 2.0.
Du communisme, il ne reste pas grand chose. Tout au plus un musée pour faire peur aux américains situé opportunément au dessus… d’un McDonald.
Cependant, le principal changement par rapport à mes souvenirs ne se trouve pas dans la rue mais dans l’assiette. Les infâmes boulettes baignant dans le beurre qui hantaient mes souvenirs de Prague ont laissé la place à des bons petits restos, que nous n’avons pas manqué de visiter assiduement.
Finalement ce qui a le plus changé en 25 ans, c’est peut-être moi…