La semaine dernière, quand on a dit à nos amis qu’on allait passer quelques jours sur l’île du Levant, on a eu droit à deux types de réactions bien différentes. Les uns nous ont dit : « ah bon, c’est où ? », trahissant une lacune coupable dans la lecture de Plume de Voyage. Les autres, lecteurs assidus de notre blog, se souviennent que nous sommes passés sur cette île l’année dernière et ils nous demandent l’air goguenard : « mais vous allez être… à poil ? ».
Et oui, car il faut le rappeler aux nouveaux lecteurs et aux têtes de linottes, l’île du Levant est une île naturiste. Magnifique site classé au cœur du parc naturel de Port-Cros, elle est partagée entre des militaires en uniforme et des touristes sans aucun uniforme.
Alors, comme vous vous posez plein de questions, je vous propose une FAQ levantine, en commençant par la question qui revient le plus souvent :
Est-on obligé de se balader tout nu ?
Obligé non, mais autorisé oui, recommandé même. Rester habillé au Levant, c’est comme ne pas boire de vin à Bordeaux ou ne pas mettre d’oreilles de Mickey à Disneyland : l’expérience n’est pas complète. Le climat se prête bien à des tenues légères de toute façon. Il faut quand même être habillé sur le port, la place du village et dans les restaurants et les commerces. Mais le « minimum » suffit. Le seul lieu où la nudité est obligatoire est le bord de mer. L’idée est d’éviter l’invasion « textile » en rendant obligatoire le naturisme là où il a le plus de sens : sur la plage.
Mais pourquoi se balader à poil ?
On pourrait répondre « pourquoi pas ». On pourrait dire que ça allège les bagages (c’est faux, on arrive quand même à blinder les valises de trucs inutiles). On pourrait citer les avantages en terme de bronzage et la rapidité de séchage du maillot quand on sort de l’eau.
Mais l’intérêt principal réside dans la culture et l’état d’esprit que le naturisme a créé dans ce village. La nudité entraîne un nivellement des origines et de milieux sociaux. Il y a une ouverture et une convivialité sur l’île du Levant qui valent bien que l’on dépasse la gêne initiale de laisser tomber ses vêtements.
Faut-il se mettre de la crème solaire partout ?
Oui, carrément. Et particulièrement là où vous pensez !! Notre voisin d’appart n’a pas suivi ce conseil et depuis il se tartine les fesses de biafine.
Comment s’habiller au Levant ?
Voilà une question qui est plus pertinente qu’il n’y paraît. Car si il peut se balader dans son habit de naissance, le levantin soigne son look pour le peu qu’il porte. Il y a l’art et la manière de porter le « minimum ». Il y a le minimum pratique : un paréo noué à la taille, c’est le plus répandu et celui que nous avons adopté. Il y a le minimum pudique : un petit short que l’on pose juste à la plage. Il y a le minimum militant avec une sorte de pagne minimaliste conçu pour être aux frontières du légal – il y a des bouts qui dépassent. Il y a le minimum affriolant en résille qui cache en ne cachant rien. Autant de manière d’être habillé sans trop l’être.
A quoi occupe-t-on ses journées ?
C’est un emploi du temps chargé ! Le matin, il y a la grasse mat’, le jacuzzi avec la vue sur la mer, un petit plouf dans les criques. Puis il faut préparer à manger, déjeuner sous la tonnelle et faire la sieste avant d’aller à la plage.
Les plus courageux (comprendre : pas Nicolas) font de la plongée ou du paddle. Et on a à peine le temps de sécher qu’on se retrouve à l’apéro avec les voisins. En temps normal, il se passe toujours quelque chose sur la place du village. Mais là, Covid oblige, toutes les festivités ont été annulée. Il ne reste que le bar de La Bohème où tout le village se retrouve pour un dernier verre, avec un respect limité de la distanciation sociale.
Tiens, en parlant de covid, est-ce que l’on met quand même un masque quand on est à poil ?
On en a vus mais soyons honnêtes, pas souvent. Les gestes barrières semblent être restés sur le continent. Quelques commerçants et restaurateurs maintiennent quand même l’illusion :
Mais là, pendant que tu écris ton blog, tu es habillé, non ?
Bien sûr : j’ai une casquette pour me protéger du soleil. Ça cogne dans sur la terrasse.