L’UNESCO se plante rarement quand il s’agit de classer des monuments ou des villes au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Si la vieille ville de Lamu bénéficie de cet honneur – et de la protection qui va de pair – c’est qu’elle est un exemple assez unique d’architecture arabe du 17ème ou 18ème siècle mâtinée de culture africaine.

Ses rues étroites laissent juste passer un âne. Aucune voiture, pas même les plus petites, ne circule dans cette ville qui a pourtant une activité économique bouillonnante entre les pêcheurs du port, les vendeurs du marché et les échoppes – plus ou moins touristiques – des artisans.

Quand on s’éloigne un peu du port, on découvre au gré des ruelles étroites cette architecture massive, avec des maisons tournées vers leur cour intérieure qui ne laissent voir de dehors que leurs murs en pierre de corail et leurs magnifiques portes. Ces portes en bois ouvragées sont le témoin des différentes influences qui ont traversé la ville : on trouve des styles venant de Lamu, bien sûr, mais aussi de Zanzibar, d’Oman et même du Gujarat.

L’UNESCO a encore vu juste, Lamu mérite qu’on la visite et qu’on la protège. Certains se réjouiront de l’arrivée de riches étrangers qui rénovent les maisons de la vieille ville. Grâce à l’argent frais investi, des jeunes du pays ont pu ré-apprendre auprès des anciens les savoir-faire ancestraux de menuiserie et de maçonnerie qui font le style unique de la vieille ville. D’autres se désoleront de voir que la population si particulière de la vieille ville de Lamu, issue du croisement culturel et génétique de l’Afrique et de l’Arabie, est remplacée par des Européens, des Américains et même des Chinois ! Peut-on préserver sans évoluer ? Eternel débat.