Qu’est ce qu’on visite dans une ville ? Les monuments, les musées, les ruelles. Mais à Salvador de Bahia, c’est un peu différent. Bien sûr, la vieille ville ne manque pas de musées, d’églises baroques ni de charmantes ruelles où se perdre. Mais ce qu’on vient voir à Salvador n’est pas construit en pierre. Cela se vit dans la chair. A Salvador, on vient voir sa culture populaire : samba, capoeira, candomblé, bracelets porte-bonheur et gastronomie bahianaise.
Ici, un groupe de capoeristes fait des démonstrations les pieds dans les airs en faisant participer les touristes (on a laissé les autres se ridiculiser…) ; là, une mama en habit traditionnel vend des spécialités locales (on a goûté un truc au pif… mauvaise pioche, ça a fini à la poubelle !) ; un peu plus loin, une association religieuse défile tout en blanc et en tambours ; et partout on entend de la musique qui sort des portes et des fenêtres toujours ouvertes. Le soir, du petit concert de coin de rue aux grandes scènes officielles, ça gratte et ça tambourine de tous les cotés. La vieille ville est un décor charmant pour mettre en valeur la culture populaire bahianaise.
On a quand même parfois l’impression d’être devant un décor un peu trop policé. Dans la zone touristique du centre historique, tout est propret. Les façades colorées sont bien pimpantes. Les concerts impromptus et les défilés spontanés semblent planifiés par l’office du tourisme. On croise très peu de pauvres et les vendeurs à la sauvette ont tous un gilet qui indique la zone où ils ont le droit de vendre sous le regard attentif de la police touristique omniprésente.
Sorti de la zone touristique, la réalité semble pourtant bien différente : les rues sont défoncées, les bâtiments sont en ruines. Les riches ont deserté le centre ville pour les quartiers modernes et ne viennent plus dans le centre que pour assister à des concerts et à des manifestations culturelles. Les quelques rues de la zone touristique ne sont qu’un îlot préservé pour servir de grande scène culturelle, alors que le reste du centre historique sombre dans le délabrement. Il y aurait du boulot pour les urbanistes par ici !
Entre deux concerts tambourinant, on a quand même vu quelques églises. Il y a un peu de style renaissance avec des statues bien sages, comme si les saints allaient au photomaton. Et il y a surtout du baroque. Avec le baroque, on allume le ventilo : les drapés s’envolent, les angelos foisonnent, les colonnes torsadent, ça virevolte de partout ! Les statues ont des poses de jeunes brésiliennes sur Facebook. Avec la musique des tambours qui vient de la rue, on dirait presque qu’à Salvador même les saints dansent la samba !